France
Date de sortie : 24 Novembre 1982
Réalisateur : Guy Gilles
Scénariste : Guy Gilles
Compositeur : Jean Wiener
Comédie Dramatique
90 mn
Distributon :
Richard Berry, Jacques Penot, Macha Méril, Piéral, Pascal Greggory, Sonia Savange, Manuel Gelin, Jean-Marie Proslier, Rosette, Jean Wiener, Isabelle Lepin, Jean Dasté, Romain Tagli, Claude Brosset, Anne Caudry, Patrick Jouané, Bruno Balp, Georges Lucas, Suzy Grossen, Ramon Arpino, Jean Tagli, Nicolas Sator
Synopsis :
"Le crime d'amour" ne pourrait être qu'un fait divers : Jean Doit (Jacques Penot), jeune mec de La Courneuve, « né dans la rue », met sur la piste d'un meurtre un journaliste homosexuel (Richard Berry) et accessoirement la police. Jean affirme d'abord n'être pour rien dans la mort de Jeanne (Macha Méril) dont il prétend seulement exploiter la découverte pour gagner quelque argent. Mais Jean dit des mensonges, le mystère s'installe, jusqu'au moment où on découvre que la victime avait une sœur jumelle. Le fait divers devient vite un alibi : Guy Gilles évite les clichés comme il contourne le mélodrame, ménageant ses effets (Jean soudain s'accuse du crime) , faisant tisser à ses personnages une toile un peu irréelle dont Jean est le centre.
Guy Gilles, fait, quant à lui, un vrai retour très remarquable avec Le crime d'amour, le meilleur film de la sélection. Le scénario très classique imite une intrigue policière et une enquête sur un crime. Jean Doit, le jeune homme fébrile qui se veut poète, téléphone à Michel, le journaliste, et lui annonce qu'il a découvert le cadavre d'une femme. Que s'est-il passé dans le verger ? Un crime, un coup de foudre, une illumination entre deux êtres qui se ressemblent ? Jean Doit est-il l'assassin ? Macha Méril, avec son charme intact et son assurance claire, se dédouble très habilement en interprétant les jumelles si différentes : Jeanne la morte qui chantait autrefois dans les cabarets et qu'on voit en flash-back, et Odette, la sœur sage et jalouse. Le journaliste mène des interrogatoires où se mêlent des voix douces. Son bureau avec des lettres, des photos, une machine à écrire, imite un lieu de film noir, mais ce n'est qu'une métaphore. Il s'agit en fait du laboratoire d'une histoire d'amour en fragments, dont la panoplie un peu fétichiste est dévoilée. Cet outillage concourt plus à la nostalgie et à une musique particulière, qu'à une véritable enquête policière. Sur le fond de la toile, on voit une vieille dame qui aime les chats, Manuel Gélin en jeune chafouin mythologique, un nain, des motos, des gros pulls. Le vrai couple du film est celui du brun et du blond, du journaliste et du jeune homme, très beaux ensemble. Richard Berry (Michel) est un excellent jeune père qui aime les garçons. A ce brun calme, s'oppose la ne rvosité du blond toujours tendu. Jacques Penot (Jean) fait une magistrale composition d'adolescent agressif et fougueux, sur la défensive. Il prévient Michel au début, assez pompeusement: «
Avec moi, ça ne marche pas, je suis fait pour le corps de la femme ». Pourtant, il le provoque à chacune de ses visites en prenant des douches. À la fin, Michel dira: « Tu sais, ta tendresse me suffisait ». Guy Gilles ne montre pas un non-lieu. Tout se passe dans le frôlement et la main tendue, la rétention non endeuillée. Quelque chose a lieu, de serein, très loin de la frustration, du brame morbide, de cette maladive psychologie racinienne et proustienne, ce poison pour la jeunesse. Guy Gilles sait filmer frontalement des yeux clairs, légèrement hébétés et traversés de violences. Son regard capte les regards et la poésie des visages. Voici peut-être la seule transposition véritablement réussie au cinéma du discours amoureux littéraire. Le cinéaste a su trouver le ton et surtout " l'aspect ", cette couleur particulière du passé simple. Dans ce rigodon sentimental, le nom de Jean Doit est martelé et musicalement consommé, comme celui de Dargelos chez Cocteau. Une certaine absence est naturellement acceptée, comme fondatrice de toute histoire d'amour. La passion discrète et tendre de Guy Gilles s'affirme ici d'une façon parfaitement claire et maîtriséeJean-Claude Bonnet, Cinématographe mai 82 (compte-rendu Perspectives Cannes)
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