2004
Allemagne
Réalisateur : Andrew Horn
Documentaire
98 mn
Distribution :
Klaus Nomi (Lui-meme, images d'archives), Ann Magnuson (Elle-meme), Gabriele Lafari (Elle-meme), David McDermott (Lui-meme), Page Wood (Lui-meme), Tony Frere (Lui-meme), Man Parrish (Lui-meme), Kristian Hoffman (Lui-meme), Ron Johnsen (Lui-meme), Kenny Scharf (Lui-meme), Anthony Scibelli (Lui-meme), Alan Platt (Lui-meme)
Synopsis :
Chaque nouvelle génération d’artistes amène assurément son lot d’extra-terrestres dont la créativité et l’originalité réussiront à traverser les époques et devenir à leur tour une influence, ou s’évaporeront dans la nature aussi rapidement que ceux-ci auront fait leur entrée sur scène. La courte, mais marquante, épopée de Klaus Nomi aura pour sa part pris les allures de ces deux destinées, laissant derrière lui une œuvre significative de son époque, mais qui aujourd’hui semble plutôt oubliée. Afin de nous faire redécouvrir ce personnage hors du commun, The Nomi Song d’Andrew Horn nous transporte dans le New York de la fin des années 70 et du début des années 80, au moment où la grosse pomme devint une des plaques tournantes de l’avant-gardisme. De ces artistes se vautrant dans un non-sens qu’ils prenaient un malin plaisir à pousser dans toutes les directions possibles, Klaus Nomi sortit subitement de nul part et chamboula cette scène qui ne pouvait être qu’estomaquée devant la voix de ténor de ce dernier qui venait surplomber de manière improbable une musique électro-garage à la sauce new wave. Après avoir élaboré avec sa troupe un spectacle qui obtint rapidement une réputation fort enviable aux États-Unis, Nomi devint par la suite un véritable phénomène de la culture populaire mondiale. Son histoire se termina cependant aussi rapidement qu’elle avait débuté.
Le récit de Klaus Nomi s’apparente pourtant au parcours rêvé de toute star montante de la musique qui désire plus que tout laisser une marque indélébile à long terme. Similaire au destin tragique de Joy Division et Nirvana, l’ascension fulgurante de Nomi se termina par la mort prématurée de ce dernier, laissant derrière elle plusieurs questions sans réponses qui aidèrent ironiquement, comme ce fut le cas pour Ian Curtis et Kurt Cobain, à solidifier un mythe déjà imposant de leur vivant. Mais il y a évidemment eu une époque de réjouissance pour le chanteur d'origine allemande. Andrew Horn plonge au départ son effort dans l’univers très glamour et incontrôlable de la scène underground new-yorkaise où tout n’était prétexte qu’à un délire visuel frénétique. Nous présentant divers témoignages des plus proches collaborateurs et amis personnels de Klaus Nomi, le cinéaste parvient à rendre hommage à une ère de créativité et d’excès et une de ses figures les plus étranges, allant chercher une bonne partie de cette folie grâce à un ensemble de vidéos d’archives et d’entrevues assemblés d’une manière extrêmement efficace. Horn accorde d’ailleurs une place assez importante aux diverses apparitions sur scène de Nomi, ne se gênant pas pour étirer ces segments sur plusieurs minutes afin que l’on puisse réellement comprendre l’essence du personnage créé par Klaus Sperber. Performances qu’il entrecoupe d’entrevues qui viennent pour leur part servir de narration au film.
Mais ce qui monte doit forcément redescendre un jour ou l'autre. Un principe qui s’applique ici autant à la carrière de Nomi qu’au documentaire d’Andrew Horn. Il est en ce sens un peu dommage que suite à un portrait fort impressionnant de l’ascension de l’artiste jusqu’aux rangs de star, la deuxième partie cherchant à nous montrer la chute de l’homme aux mains de la maladie et de son esprit torturé semble plus axée sur des suppositions et des apparences, où les proches de Sperber, s’étant alors éloignés considérablement de ce dernier, continuent de raconter une histoire dont ils ne possèdent visiblement pas toutes les pièces du puzzle. Cette moitié réserve tout de même certaines des scènes les plus réussies de l’essai. L’une montrant l’appréhension de son entourage face à Nomi lorsqu’il était en phase terminale et mourut peu de temps après du virus du sida, qui était à l’époque une maladie encore inconnue du grand public. L’autre faisant adroitement la comparaison de la vision d’un spectacle de Nomi lors de son retour d’Europe à New York entre celle de ses amis qui y ont vu les premiers signes d’une chute, et celle d’une fan qui croyait à ce moment assister au début d’une grande aventure.
La question demeure encore à savoir si Nomi était bel et bien humain, ou s’il ne venait pas plutôt d’un autre monde. Dans les mêmes circonstances que si la race humaine en venait à un premier contact extra-terrestre, ce ne serait évidemment pas tout le monde qui accueillerait à bras ouverts ces petits hommes verts venus d’ailleurs. Ce fut la même chose pour Nomi qui, sans nécessairement plaire à tous, s’avéra une icône unique de l’histoire de la culture pop qui ne laissa personne indifférent. Andrew Horn sort d’autant plus son film à un moment des plus propices, alors que les influences des années 80 se font de plus en plus sentir au cœur de la musique d’aujourd’hui. Un documentaire qui rend justice à un personnage fascinant, mais dont on aurait tout de même voulu en savoir davantage. Une partie du mythe restera toujours intacte il faut croire. (Par Jean-François Vandeuren, Panoramacinéma)
Bande-annonce.
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