En deux albums, Jimmy Beaulieu, un bédéaste féru d'érotisme lesbien, réussit à convaincre que, oui, un homme peut écrire des histoires de filles qui aiment les filles sans tomber dans le piège du cliché porno.
Le Québécois Jimmy Beaulieu se prendrait-il pour une femme qui aime les femmes ? Encore trop peu connu en France, le bédéaste mérite pourtant le détour. Ce quarantenaire touche à tout a sorti, à quelques mois d'intervalle, deux BD qui se distinguent par un traitement sensuel des plaisirs au féminin et par un respect quasi-admiratif pour les femmes libres.
Patchwork des rêveries fantasques
Dans A la faveur de la nuit, paru à l'automne, il tisse un conte poétique, patchwork des rêveries fantasques de deux femmes en train d'attendre leur complice, après un casse. Seules, elles se livrent à des confessions souvent coquines tout en laissant s'exprimer leur attirance réciproque. Dans Comédie sentimentale pornographique, disponible depuis le mois dernier, il poursuit de plus belle sur les femmes indomptables, via l'histoire de Corinne et Louis, un couple de trentenaires qui s'aime malgré les infidélités féminines de l'une et la crise existentielle de l'autre.
Très agréables à lire et surtout à regarder, ces deux ouvrages se caractérisent par un trait élégant, simple et énergique, une écriture spontanée (à l'accent québécois), des couleurs vives qui tirent souvent sur le bleu. La teinte de l'onirisme. Mais aussi, en l'occurrence, du fantasme lesbien. Jimmy Beaulieu se plaît à construire ses intrigues autour de protagonistes-narratrices bisexuelles voire homosexuelles très attachantes, en plus d'être attirantes. Le saphisme l'habite avec une certaine sensualité, une grande curiosité et un instinct tout féminin. On est émoustillées par sa vision du désir lesbien parce qu'elle est juste et réaliste, loin des clichés vulgaires qui entourent parfois l'homosexualité féminine. (Têtu)
* A la faveur de la nuit, 112 pages
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