France
Réalisateur : Jean-Claude Guiguet
Producteur : Paul Vecchiali
Scénariste : Jean-Claude Guiguet, Gérard Frot-Coutaz
Directeur de la photographie : Georges Strouvé
Costumière : Nina Ricci
1er assistant réalisateur : Gérard Frot-Coutaz
Costumière : Nina Ricci
1er assistant réalisateur : Gérard Frot-Coutaz
Drame
90 mn
Distribution :
Hélène Surgère (Hélène), Emmanuel Lemoine (Camille), Martine Simonet (Dominique), Hervé Duhamel (Pierre), Nicolas Silberg (Georges), Victor Garrivier (Le Juge D'Instruction), Paulette Bouvet (La Fleuriste), Denise Farchy (La Dame Aux Journaux), Ingrid Bourgoin (Une Prostituée), Marie-Claude Treilhou (Une Prostituée), Howard Vernon (Le Directeur De La Prison), Cyrille Spiga (Le Premier Détenu).
Synopsis :
Camille, un jeune homme provincial et prolétaire, devient employé de maison chez une femme encore belle et séduisante, Hélène, bourgeoise aisée et éclairée qui l¹embauche pour s¹occuper de son fils reclus dans sa chambre depuis des années. Deux êtres, deux mondes se rencontrent. Parmi les bibelots et les fleurs, le rapport du jeune homme à cet univers clos, étrange et étranger, tourne bientôt à la tragédie...Les belles manières C¹est le premier long métrage de Jean-Claude Guiguet qui fut critique de cinéma et assistant de Paul Vecchiali. Le scénario dont les situations ne sont jamais très dramatisées est aussi simple que la mise en scène où plans moyens et plans d¹ensemble inscrivent les personnages dans le décor de leur vie quotidienne, pour les regarder vivre. Ces personnages parlent un langage qui correspond, chez chacun, au milieu d¹origine et à la position sociale, à la bonne éducation ou au prolétariat. Cette simplicité, cette exactitude créent, pourtant, une atmosphère étrange. La relation de la bourgeoise bien élevée et de l¹ouvrier est, d¹une certaine façon, un exemple de la lutte des classes. Mais, si le conflit feutré -et qui finit très mal- des Belles Manières naît de cette lutte, ses manifestations apparentes ou suggérées dépendent bel et bien de la nature, des sentiments, des pulsions individuelles d¹Hélène et de Camille. La bourgeoise habillée par Nina Ricci, joue constamment un rôle, cultive son narcissisme et sa féminité charmeuse malgré l¹âge ; elle dévore, doucement, le garçon mal dans sa peau, hanté par la misère et ses déchéances, par le désir et la répulsion de la femme. Camille n¹est pas intellectuellement armé pour comprendre le jeu d¹Hélène et le rôle qu¹y tient Pierre, le fils claustré. Ce film est fascinant par ses arrière-plans, ses mystères, ses équivoques sexuelles («de bon ton»), ses sinuosités souterraines. Hélène Surgère, actrice révélée par Paul Vecchiali, et qui fit partie, également, de l¹univers cinématographique d¹André Téchiné, incarne la dangereuse perfidie du matriarcat, l¹égoïsme souverain d¹une femme riche habituée à se montrer parfaite en toutes circonstances pour masquer son déséquilibre intérieur. Elle est sensationnelle.Pudique, sensible, écorché, marqué d'ambiguïté et de détresse, Emmanuel Lemoine (comédien non professionnel) est l¹excellent partenaire de cette Antinéa bourgeoise qui en a fait sa victime et dont on se dit qu¹elle garderait ses « belles manières» même en assistant à une exécution capitale, ce qui est, d¹ailleurs, un peu le cas.
Jacques SICLIER. «Télérama» (juin 1982)
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