Arte diffuse dimanche 13 février à 20h30 le film La Rumeur Audrey Hepburn et Shirley MacLaine dans une partition subtile.
Un sujet scandaleux, un casting parfait: une Amérique sous le choc de l’homosexualité.
Dans une région huppée des États-Unis, Karen et Martha, deux amies de longue date (elles se sont connues lors de leurs études), réussissent, après des débuts difficiles, à rentabiliser leur pensionnat privé pour filles. Karen est fiancée au docteur Joe Cardin dont Martha est un peu jalouse. Les deux directrices surprennent fréquemment une de leurs petites pensionnaires, Mary Tilford, en train de mentir effrontément. Punie, et irritée contre ses professeurs, la fillette, soutenue par l’une de ses compagnes de chambrée, Rosalie, sur laquelle elle exerce un chantage après avoir découvert la kleptomanie de celle-ci, raconte à sa richissime grand-mère Amelia Tilford qu’elle a vu les deux directrices avoir des rapports inavouables. Comme une traînée de poudre, tous les parents retirent leurs enfants du pensionnat aussitôt déserté. Après un procès perdu, les deux jeunes femmes, dont la réputation est désormais détruite, sont encore confrontées à d’autres épreuves : le doute s’est installé dans l’esprit du fiancé de Karen et leurs fiançailles sont rompues tandis que Karen et Martha font l’objet d’un voyeurisme constant de la part de la gent masculine du coin. Dans leur isolement et sous cette pression, Martha commence à perdre pied et avoue à Karen qu’elle pense lui porter réellement depuis toujours cet amour interdit dont elles ont été accusées. Après que les mensonges de la fillette responsable de la rumeur ont été fortuitement découverts par sa mère et que sa grand-mère soit venue faire amende honorable, Martha se suicide après s’être culpabilisée. Karen mesure alors l’indéfectible affection que lui vouait son amie et réalise qu’elle aussi l’aimait sans doute plus que de raison. Après les obsèques et sans un regard pour ceux qui ont brisé son existence et celle de son amie, Karen s’en va sur les chemins avec de nouvelles vues sur le monde.
Hypocrisie et puritanisme
Après le succès de Ben Hur (1959), William Wyler laisse de côté le grand spectacle et le cinémascope pour lui préférer un drame psychologique en noir et blanc qui ose aborder de front l’homosexualité féminine. Adapté d’une pièce que le cinéaste avait déjà portée à l’écran trente ans auparavant, mais qui avait alors été édulcorée par la censure hollywoodienne, le film La rumeur dénonce les hypocrisies d’une société puritaine. “Quand on a fait ce film, reconnut plus tard Shirley MacLaine, l’homosexualité n’était pas un sujet de conversation. Il s’agissait des accusations d’une enfant. Cela aurait pu être n’importe quoi. Nous n’étions pas conscients de ce que nous faisions, nous étions des pionniers involontaires.” Un film attachant malgré une vision de l’amour lesbien qui paraît aujourd’hui bien datée.
Shirley MacLaine, dans des mémoires considère que l’œuvre de Lillian Hellman a été trahie par le réalisateur William Wyler. Elle ecrit alors « Ma plus grande déception, au début de ma carrière, fut le remake par William Wyler de son film Ils étaient trois. […] À la fin du tournage, Willy fut pris de panique à l’idée d’avoir traité une histoire de lesbiennes. Il coupa toutes les scènes où l’on sentait l’amour de Martha pour Karen. […] Le public était censé comprendre tout seul ce qui se passait. Or, il ne se passait rien, car, en éliminant ces scènes du film, Willy l’avait vidé de sa substantifique moelle. En fin de compte, il a trahi l’œuvre de Lilian Hellman, et le résultat fut un véritable désastre que soulignèrent les critiques. […] J’étais effondrée, Willy aussi, mais c’était sa faute puisqu’il avait refusé d’aller jusqu’au bout. ». La plupart de ces scènes ont été restituées dans la version DVD 2004. Quelle version nous donnera ce soir la chaine Arte ? (Actualités des Gays)
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